L'homme qui aimait les chiens

Publié le 25 Février 2013

Un livre qui s'est déjà bien promené chez les copains avant que je ne le lise. Jicé avait été charmé par ce cadeau de mon papa, il est donc passé entre quelques mains avant de rentrer à la maison. Le plaisir des lectures partagées, échangées...

 

• L'homme qui aimaP1010213.JPGit les chiens, Leonardo Padura, Métaillé, 2011

Trotsky est en exil, tentant d'échapper à la traque des services secrets soviétiques. On suit l'homme affaibli, exilé, malmené qui, de la Turquie en passant par la France et la Norvège, finira au Mexique, enfermé dans une maison transformée en bunker.

Ramon Mercader est un espagnol à l'enfance tragique, étouffé par l'amour de sa mère, aveuglé par un désir du pays, poussé par une haine du fascisme. Il se laisse séduire par les courants communistes staliniens et travaille clandestinement à leur solde alias Jacques Monard. Mais la fin, on ne la connait pas vraiment, puisque Padura ne s'arrête pas à l'assassinat de trotsky mais va jusqu'à la mort de Mercader.

Le troisième personnage, c'est l'auteur lui-même, ou plutôt une mise en abyme de l'auteur. Léonardo Padura est un écrivain cubain, né en 1955 à La havane. Ici le personnage d'Ivan, écrivain frustré, relate la rencontre faite en 1977 avec un vieil homme étrange qui se promène avec des lévriers barzoï.

 

J'étais plutôt restée aux travaux de Pierre Broué sur la vie de Trotsky (que j'avais lus à la fin des années 80) et à Vie et mort de trotsky par Victor serge.  L'approche de Padura est bien différente. C'est une fiction romanesque et non pas un roman historique. La vision de Trotsky est parfois déformée, les propos et le regard sur la Quatrième Internationale parfois proches de l'archétype, mais ce n'est pas l'essentiel de ce texte. On y voit comment les militants trotskystes sont assassinés, poursuivis, trahis. Ce qui m'a intéressé, c'est Ramon Mercader et le regard posé sur le stalinisme. L'auteur travaille le mensonge idéologique et la manipulation humaine. Un jeune militant espagnol est extirpé de son pays, écarté du POUM pour devenir l'Assassin. Ce jeune homme est transformé, manipulé, fanatisé.

Padura porte un regard critique sur le castrisme, ou narre parfois simplement le fonctionnement oppressif cubain. Mais il regarde surtout la grande machine stalinienne, le mensonge, le rêve brisé du XX° siècle. 

On ne sort pas démoralisé de cette lecture, parce que l'homme est au coeur de la pensée. Il n'y a pas d'amertume, pas de désespoir. Mais le désir d'autre chose.

Rédigé par nata

Publié dans #les petites lignes

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G
J'ai lu ses polars, mais je ne me suis pas encore plongé dans ses écrits plus profonds...d'ailleurs son nouveau roman Hérétiques est apparemment très apprécié.
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M
Et pourquoi pas...
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